Les Dialectes Allemands : Quelles sont leurs particularités ?
En écoutant différents locuteurs germanophones, il a pu vous arriver d’être étonné par l’emploi de certains mots qui ne vous disaient rien, ou par une prononciation différente de celle dont vous avez l’habitude.
Dans ce cas, vous avez probablement été confronté à des dialectes. La langue germanique présente en effet plusieurs variations d’une région à l’autre, qui sont plus que de simples accents.
Or, les régions germanophones sont nombreuses: elles concernent tant l’Allemagne que l’Autriche, la Suisse, le Luxembourg, le Tyrol italien, le Pays-Bas, la Belgique ou l’Alsace.
Et au sein de ces régions ou pays, il y en a encore d’autres qui se dessinent quand il est question de dialectes. Ainsi, en Autriche, les Tyroliens parleront une langue différente des Viennois ou des habitants de Graz par exemple.
Il peut être utile de vous renseigner sur les particularités linguistiques d’une région si vous comptez vous y rendre, surtout si vous avez l’intention d’exercer votre allemand et de véritablement communiquer avec les gens.
Dans cet article, on tentera de vous éclairer sur ce qu’est le dialecte et sur les différentes variations de langage que vous pourrez rencontrer dans le monde germanophone.
Qu’est-ce qu’un dialecte ?
Certaines langues, comme l’allemand, présentent une langue standard, à laquelle font référence les dictionnaires, et qui se parle par exemple à la télé, sur les chaînes officielles, ainsi que des variations par rapport à ce « standard ». Si les variations se font purement sur le plan de la prononciation, on parlera plutôt d' »accent ».
Les accents peuvent référer autant à la manière dont vous prononcez votre langue maternelle qu’à celle dont vous prononcez une langue étrangère. En revanche, si les variations impliquent aussi un vocabulaire et une grammaire différents, il s’agira certainement de dialectes.
Les dialectes sont donc des variations de langage, tant sur le plan sémantique que grammatical et phonétique, qui définissent une communauté au sein d’un territoire limité. On parle d’ailleurs, lorsqu’on est dans une région, du « dialecte local ». Chaque dialecte est donc propre à une région ou à un lieu.
Ainsi, on peut souvent reconnaitre la région d’origine d’un germanophone à sa manière de parler, à condition de connaître les particularités de son dialecte.
Le haut allemand: Hochdeutsch
En allemand, la langue « standard » est ce qu’on appelle le Hochdeutsch: le « haut allemand ». Ce nom se justifie par ce qu’à l’origine, il s’agissait de la langue parlée principalement dans les régions montagneuses.
Il y avait donc aussi les « bas-allemands », Niederdeutsch, des plaines allemandes. C’est avec le développement d’une littérature nationale qu’a commencé à s’imposer le Hochdeutsch comme langue officielle.
Les dictionnaires tels que Duden font donc apparaître la transcription phonétique et le vocabulaire propres au « Haut allemand ». Ce dictionnaire est d’ailleurs la principale référence de l’Allemand, puisque la langue n’est pas normée par une institution telle que l’Académie française pour le français.
Le Hochdeutsch permet aux différents locuteurs du monde germanique de se comprendre entre eux, mais il constitue aussi la langue qu’apprennent les étrangers pour communiquer avec les allemands. Dans les articles que nous proposons, c’est donc le « haut-allemand » que nous présentons.
Différences entre les dialectes
Les différences entre les différentes variétés d’allemand se sont creusées au fil des siècles via un long processus d’évolution phonétique, qui a particulièrement touché les consonnes, mais qui n’a pas affecté la langue de la même manière d’une région à l’autre.
C’est aux cours des 6e – 8e siècles que le « haut allemand » a vu la consonne « p » évoluer en [f] par exemple, ou que le « t » s’est changé en [s]. C’est pourquoi aujourd’hui encore, dans le nord de l’Allemagne, on pourra entendre les mots dass ou wasser prononcés [dat] ou [water].
Il en va de même pour le « ch » qui se prononce encore [k] en Allemagne du Nord ( [ik] = ich ).
Voilà quelques exemples:
À Berlin, où le dialecte provient du niederdeutsch (partie basse de l’Allemagne), le verbe machen, « faire », se prononce parfois [maken], l’expression was denn (qu’est-ce qu’il y a?) se prononce [watt’n], etc.
Dans le Tyrol, nichts (« rien »), se prononce [nix] et ich habe (« j’ai ») se dit i hob. En revanche, en Allemagne du nord, on dira [ik hab]
Comme on l’a dit, ces changements sont aussi apparents dans le vocabulaire utilisé. Ainsi, à Berlin, schlafen (« dormir ») se dit pennen; essen (“manger ») se dit mampfen, etc.
En Autriche ou en Allemagne du Sud, Kuss (« bisou ») se dit Bussi.
Pour de nombreux mots qui ne se disent qu’en Autriche, on parle d’ailleurs d' »austriacismes ». Par exemple, der Eiskasten correspondent au Kühlschrank (« réfrigérateur ») du haut-allemand.
Les différences sont nombreuses et certaines régions fournissent de véritables lexiques avec leurs particularités. N’hésitez pas à fureter à l’office du tourisme ou dans une librairie pour vous en procurer lors de vos voyages dans les régions germanophones !
Qu’en est-il des dialectes aujourd’hui ?
Les mouvements de population devenant de plus en plus fréquents, notamment pour les études, ainsi que l’arrivée d’étrangers et l’uniformisation de la langue par la télévision ont fait que dans beaucoup de régions, les dialectes se perdent et que si les nouvelles générations comprennent celui que parlent leurs grands-parents, eux-mêmes parlent une langue plutôt standardisée.
Mais certaines régions, notamment dans le Sud de l’Allemagne ou en Autriche, continuent de revendiquer leurs dialectes et de l’affirmer, par exemple à travers le développement d’une littérature régionale.
Ainsi, Le Petit Prince a été traduit en dialecte tyrolien et certains poètes composent dans leur dialecte local.